Et j’ai crié…. Et chuchoté….
Impressions du lendemain
par P’tit Prince
La petite porte sombre et discrète du club se referma derrière eux.
Passage du sas.
Changement de dimension.
Retour au réel, contraste.
De nouveau la ville, fraîche, humide, maintenant plongée dans la nuit. Courte journée de décembre, fin d'après-midi.
Il se sentait comme après une épreuve accomplie, heureux, soulagé. L'émotion viendrait après.
Elle semblait sereine, apaisée.
Ils remontèrent la rue, enlacés comme des amants, couple se préparant pour un week-end de détente, ou illégitimes après un cinq à sept débridé.
Le vent frais caressait leurs cheveux, l'air vif emplissait leurs poumons, après les moiteurs confinées des caves de C&C.
Contraste.
Ce mot venait de prendre tout son sens pendant ces dernières heures.
La suivant comme mécaniquement, crispé par l'émotion, il avait descendu ces marches vers cet enfer souhaité, ce temple de ses désirs intérieurs.
Il en connaissait toutes les salles pour les avoir si souvent parcourues sur l'écran. Traversée du miroir, entrée dans le rêve, ajout de dimensions... tiens, il y a un escalier intérieur, volumes, lumières, odeurs, têtes "connues", regards.
Elle le conduisait de salle en salle, de découverte en étonnement, elle était le guide dont il avait rêvé, et il la suivait comme par enchantement.
Il apprit beaucoup cet après-midi, ou cette nuit, il ne savait plus bien les heures, les lieux, seule la succession des scènes lubriques qui se déroulaient sous ses yeux donnaient une impression de mouvement, un tempo dans un monde où le plaisir aurait remplacé le temps.
Il découvrit un univers baroque, peuplé de créatures tantôt grotesques, tantôt magnifiques par leur aspect et dans leurs attitudes, leurs manières de vivre leurs désirs, chacun différemment. Respect des contrastes, liberté, plaisir, exaltation des corps et des âmes.(suite)
Il appréciait l'aisance de sa complice, se mêlant aux jeux, interpellant les acteurs, fouettant par ci, caressant par là, avec une bonne humeur et une énergie communicative.
Il était loin d'être aussi à l'aise, mais se sentait fier d'être son compagnon.
Et puis vint L…Et là il comprit...
Il comprit d'abord le cadeau de Tina, la double offrande d'être un jouet à la merci de ces deux femmes phalliques, comme un concentré de ses phantasmes.
Et c'est quand il vit sa tendre libertine s'occuper d'un autre homme qu'il réalisa ce dont elle lui avait déjà parlé, la beauté du partage, de l'échange. Alors que le mâle gémissait sous l'alternance de fessées appliquées et de douces caresses, il ressentit une puissante émotion...
Frustration, jalousie sans doute, mais aussi excitation d'être pour une fois le spectateur du talent de son amante en action dans ce rôle si bien maîtrisé par elle.
Voilà pourquoi elle avait tant insisté pour l'entraîner en ce lieu, pour lui faire vivre ces instants si particuliers et précieux...et si bien manœuvré pour y arriver alors qu'il avait cru un moment l'avoir perdue!
Mais le plus fort émotionnellement avait été quand elle lui avait tenu la main pour le rassurer quand sur la croix, quelques coups de fouet se faisaient plus mordants, ou alors qu'elle lui caressait les cheveux pendant qu'il subissait les assauts démesurés de L..., l'arrêtant quand celle-ci lui faisait mal.
Il se dit que ces moments de complicité pouvaient justifier à eux-seuls toute leur relation.
Il sut alors que son désir de soumission était un besoin d'abandon, et que ce ne pouvait être envisageable qu'entre les mains d'une complice, par l'affectif.
Non, il n'était pas masochiste, et s'il avait frissonné sous le fouet, c'était sous la main experte d'une femme qui savait aussi bien caresser que mordre de cette manière et qui y trouvait son plaisir sans avoir besoin de toucher les hommes autrement que par ses langues de cuir.
Il en gardait quelques gentilles marques, comme un hommage à ce talent.
Il se conforta dans l'idée que les hommes ne l'attiraient pas, même s'il rêvait encore de sentir un sexe chaud en lui, mais plutôt avec une jolie poitrine qu'une belle moustache... ;-)
Ce serait peut-être pour une prochaine aventure avec sa Tina qui il en était sûr devait partager son phantasme...
En attendant, il rêvait d'un peu de tendresse, d'un moment partagé à deux, d'un rôle d'amant sensuel, fougueux, voire d'un petit "switch" pour jouer, avant de tester d'autres expériences, de goûter à d'autres plaisirs débridés avec sa belle amante joueuse.
Comme le chocolat était bon quand il était noir, corsé, puissant.
Mais la digestion pouvait se révéler difficile.
Trop plein d'émotion, besoin de se purger, envie de vanille...juste d'une petite pincée...
Ils approchaient de la gare. Elle lui parla de Noël. Un autre rêve, d'enfant, joie, guirlandes, fête.
Son visage captait les lumières de la nuit, ses cheveux dorés brillaient.
Qu'elle était belle.
Retour aux caves
par P’tit Prince
Décalages
A côté de moi, l'homme n'arrête pas de crier.
De la pièce voisine, je perçois les chuchotements de commentateurs respectueux des jeux en cours.
Cris et chuchotements, le décor est planté, le nom si bien trouvé.
Scchlaak! un nouveau coup de martinet appuyé me tire de mes pensées.
Il y a une heure de cela, ou peut-être beaucoup plus, je ne sais plus bien le temps, tu m'as vendu.
Finalement, personne n'aura voulu me violer...
Comme l'a fait remarquer Pascal, jovial et sympathique animateur de la vente aux esclaves, c'est la crise, les temps sont durs.
Même pour les princes.
L'exercice ne m'a pas paru si difficile, mais j'ai la sensation de ne pas avoir été bon.
Être vendu fait partie de mon job. Cela recommence à chaque fin de mission, où accompagné d'un commercial, je dois aller me vendre à un client et le convaincre que je vais convenir pour le poste.(suite)
Une chose que je n'aime pas du tout. Et parfois, emporté par l'émotion, je pars en vrille pour finir par m'écraser lamentablement. Mais d'autres fois, quand le courant passe, j'arrive à trouver une bonne pêche, du dynamisme, et même souvent à rire avec mes interlocuteurs.
Et je commence à entrevoir pourquoi l'émotion est toujours plus grande lorsque le commercial qui m'accompagne est une femme...
Que venaient chercher les spectateurs hier soir? J'avoue avoir été un peu déçu, non pas par Pascal qui encore une fois était très bien, mais par le peu de candidats à jouer et par un certain manque d'enthousiasme des acheteurs (pas tous, tu as été superbe!).
Peut-être était-ce dû aux "pièces" un peu en décalage par rapport au marché : un soumis prêt à tout, une masochiste impertinente et un petit prince à en-goder.
Et en fait de prince, je devais plus ressembler à Kirk Douglas dans Spartacus qu'à un chippendale, et encore moins à Michèle Mercier dans "Angélique et le sultan"...
Pas très sexe, m'as-tu dit. Il faudra que tu me donnes des cours, ma libertine.
Les phantasmes, la réalité, l'excitation. Tu connais mes envies les plus folles, et elles sont intactes.
Beaucoup de choses dans le cérébral. Pas toujours aisé à communiquer, et à vivre
Confrontation entre des rêves et le vécu de l'instant, décalage. C'est peut-être aussi cela, le BDSM.
Des soirées sages finalement, et si loin des images des orgies antiques.
Il y avait des filles magnifiques hier soir. D'ailleurs, tu les as remarquées avant moi, coquine ;-) Des petits culs à réveiller les morts...
Eh bien, sur le moment, cela ne m'a pas vraiment fait d'effet. J'ai par contre beaucoup aimé tes yeux pétillants quand tu les regardais...
Non, je ne suis pas en train de virer homo. Toujours aussi peu attiré par les mecs (même si je reste "open" pour des jeux "bi-curieux"), toujours autant passionné par les femmes et toujours envie d'un "entre-deux" à partager avec toi... Ce phantasme, j'aimerais vraiment qu'on le réalise ensemble, si tu veux bien, si çà te plait aussi.
J'ai encore frissonné sous le fouet.
Tu l'as remarqué et j'espère que ce spectacle t'a excité. Cette Justine, puisque je peux la nommer maintenant, est vraiment une déesse.
Sans mentir, j'aurais bien passé encore une bonne heure sous ses caresses; j'ai conscience qu'elle m'a déjà donnée beaucoup. J'ai même eu droit au baiser cette fois-ci.
Beaucoup de sensualité. J'ai réussi à me laisser aller. A really good trip.
J'aimerais la voir s'occuper de toi une prochaine fois.
Avec Marylou, ce fut autre chose. De la douleur, vive parfois, le feu allumé sur la peau, puis vite éteint par la caresse de la main.
Alternance, souffrance, puis récompense. Tout dans le dosage. Et la caresse finale sur le dos qui fait partir...
J'arrive même à me rejouer les sensations dans la tête... j'y suis aidé par mes fesses encore bien sensibles et fort colorées, comme si je m'étais assis sur un cageot de tomates fraîches...et pimentées!
Troublantes sensations.
Toujours pas masochiste, sûrement pas masochiste, mais encore envie d'explorer ces frontières entre douleurs et plaisirs, à l'image de celles rencontrées dans le sport.
"Qui aime bien châtie bien" dit le proverbe populaire.
Désormais, je sais que "Qui fouette bien caresse bien"...
J'aime les femmes dominantes. Elles le sont toutes plus ou moins, naturellement; toutes ne développent pas ce côté. Cela demande aussi du temps, de l'expérience, la maturité.
"Maîtresse Débutante" a eu le mérite d'essayer. Un peu jeune à mon goût, et encore bien trop peu d'assurance.
J'ai tout de même apprécié le collier et la laisse. Et toi?
Mais celle que je préfère, ma maîtresse de cœur, c'est bien toi, ma Tina, toi avec qui tous les rêves deviennent possibles, magicienne de mes phantasmes et qui a encore tant à m'apprendre...
As-tu remarqué que certains nous prenaient pour un joli petit couple? Et la réflexion (de Marylou je crois) qui t'imaginait me
badigeonnant les fesses de crème apaisante une fois rentrés à la maison! :-)
En ce dimanche matin, je bande pour toi, furieusement.