Tunnel of Love ….
Textes qui m’ont profondément touchée
Mon masochisme à moi
par Frédéric à ma complice
Dimanche après-midi. Pas de pluie, 4°C, brumeux. Une "belle" journée d'hiver pour aller souffrir quelques heures dans le froid. Avec ce qu'il est tombé ces derniers jours, je pourrai peut-être même manger un peu de boue...le pied!
Revêtir la tenue. Le cuissard long, noir et moulant passé sur la peau nue, sans sous-vêtement, la veste ajustée, les chaussures, les couvre-chaussures noirs en néoprène...avec ce froid. Les gants noirs...Je suis prêt pour enfourcher mon fidèle destrier en aluminium couleur ébène.
Démarrage.
Comme je me dis toujours, ce ne sont que les premiers coups de pédale qui coûtent, mais parfois il faut se forcer, se faire violence...pour être heureux après.
Mais cette fois ci, je suis un peu en manque. Frustration avec toute cette pluie de ces dernières semaines. Et c'est bon!
(suite)
Ah le vélo! mon petit "plaisir" du week-end. Ce que je préfère : les longues chevauchées de 4 à 5 heures, 120 km ou plus à travers la campagne, à mon rythme, loin des records et des idées de compétition. Se libérer des tensions de la vie urbaine et sédentaire, se vider, et méditer.
L'effort d'endurance a ceci de particulier qu'en plus des vertus qu'il apporte au corps, il permet à la tête de fonctionner à plein, sans doute par l'oxygénation du cerveau qu'il facilite.
Et je pense...Non, je ne suis pas masochiste, et non pas les aiguilles! (en passe de devenir une "private joke"!) Et oui, j'apprécie l'effort physique, oui quand la pente s'accentue, quand les jambes doivent forcer, que le cœur s'accélère, je sens comme une démangeaison dans les cuisses qui remonte au périnée, s'insinue dans le ventre. A l'extrême, les sportifs parlent de "se vider les tripes".
Et si je ne me retenais pas, j'aurais parfois presque envie de gémir, de crier. Concentration d'énergie dans le ventre, siège des émotions, désir, effort, souffrance, plaisir.
Mais pas de douleur. En tout cas, pas pour moi, mais peut-être chez certains compétiteurs dépassant leurs limites pour la gloire d'un titre. Quoique de nos jours, avec tous les produits miracles dont ils usent, on se demande si certains arrivent encore à la souffrance...
Mais le vélo, c'est aussi la magie des contrastes, et si on peut se demander en montant une côte vent de face sous la pluie au milieu des voitures, ce qu'on fait là, quand une heure après, le soleil revenu, on descend une belle route de forêt sous les frondaisons, son air préféré dans les oreilles, on lâche le guidon, on étend les bras et on plane...
Comme une parabole de la vie, comme le beau temps après la pluie, comme la caresse d'une tendre complice après la piqûre du fouet...
Se forcer pour se renforcer, s'obliger avant qu'on nous oblige, vaincre l'inertie, vivre ses envies et en être comblé. Liberté..
Antoine de Saint-Exupéry - Le Petit Prince
« LE RENARD »
C'est alors qu'apparut le renard. - Bonjour, dit le renard.
- Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.
- Je suis là, dit la voix, sous le pommier.
- Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli...
- Je suis un renard, dit le renard.
- Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...
- Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
- Ah! pardon, fit le petit prince. Mais, après réflexion, il ajouta : · Qu'est-ce que signifie " apprivoiser " ?
· Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu?
· Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est ce que signifie " apprivoiser " ?
- Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant! Ils élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?
- Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie " apprivoiser " ?
- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie " créer des liens... "
- Créer des liens ?(suite)
Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi , qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
- Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
- C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses...
- Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué :
- Sur une autre planète ?
- Oui.
- Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ?
- Non.
- Ça, c'est intéressant! Et des poules ?
- Non.
- Rien n'est parfait, soupira le renard.
- Mais le renard revint à son idée :
- Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé... Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince : - S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il.
- Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
- Que faut-il faire ? dit le petit prince.
- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...
Le lendemain revint le petit prince.
Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le cœur... Il faut des rites.
- Qu'est-ce qu'un rite ? dit le petit prince.
- C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche : - Ah! dit le renard... je pleurerai.
- C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
- Bien sûr, dit le renard.
- Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
- Bien sûr, dit le renard.
- Alors, tu n'y gagnes rien !
- J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. Puis il ajouta : - Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.
Le petit prince s'en fut revoir les roses.
- Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient gênées.
- Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.
Et il revint vers le renard : - Adieu, dit-il...
- Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
- L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
- C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
- C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.
- Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
- Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir.
Envies à ma tendre Maîtresse
par Frédéric.
Envies de toi.
Mes mains miment des caresses
Besoin de tendresse.
Je te donne ma chaleur
Ton corps glisse sur moi
Mes mains sur tes fesses
Ballet de langues entrelacées
L'humidité qui nous gagne
Tes beaux yeux bandés
Je lèche tes cuisses lisses
Lèvres contre lèvres, goûter ton plaisir
T’entendre gémir
Trouver la touche 'Pause'
De la platine du temps.
Tu prends la sexy pose.
Me dresser vers toi
Je t'offre mon envie dure
Gourmandise sucrée
Appels des sexes
Pénétrer tes cavernes
Explorer tes entrées.
Tendres luttes
Graver les minutes
Montée de nos désirs
Je brûle en toi
Expressions animales
Capter l'énergie
Chercher le rythme originel,
Odeurs du plaisir
Accélération, libération, libation.
Lâcher des corps
Plénitude.
Transport, à ma voyageuse libertine.
par Frédéric
Le long serpent de métal ondulait bruyamment dans le noir boyau souterrain.
A chaque virage, il semblait vouloir se frotter contre la paroi, mais était à chaque fois ramené dans le droit chemin, laissant échapper un gémissement strident.
Il sortit de la cavité et s'arrêta une nouvelle fois, quelques instants, comme pour reprendre son souffle.
A la fin du signal sonore, après le claquement des portes, il s'ébranla, et dans un sifflement de plus en plus aigu, pénétra ce nouveau tunnel qui s'ouvrait devant lui.
Il disparut rapidement à la vue de quelques retardataires qui ne distinguèrent bientôt plus que ses deux yeux rouges.
A l'approche d'une série de coudes un peu plus marqués, le reptile sembla hésiter, ralentir, puis il se mit à tressaillir. Il se tortillait nerveusement, transmettant ses soubresauts aux habitants de ses entrailles.
(suite)
Cela ne semblait pas perturber la jeune femme blonde confortablement assise au fond de son siège et toute occupée à l'écriture d'un SMS.
Un œil attentif eût pu deviner à son air coquin la teneur du message... De quoi s'évader un instant de ce monstre métallique.
Le tunnel était tout droit maintenant et la rame accéléra, s'enfonçant toujours plus profondément sous terre.
Sa progression était rythmée par le passage des raccords entre les voies qui cognait comme le battement d'un cœur, celui de cette bête lancée dans sa course folle vers la station suivante.
Elle avait rangé son téléphone. Malgré le rembourrage du siège, elle ressentait cette vibration dans ses pieds, ses jambes, qui remontaient le long de ses cuisses. Elle se dit qu'elle aurait aimé tester l'inconfort de ces vieux métros des années soixante avec leurs sièges en bois et leurs amortisseurs fatigués. Sensations garanties. Le vibromasseur public, les "transports" en commun.
Ses cuisses s'étaient serrées mécaniquement et elle sentait une douce chaleur gagner son bas ventre. Elle ferma les yeux. Le métro ne s'arrêtait plus aux stations qui défilaient de plus en plus vite. Tous les voyageurs de la rame avaient disparu. Son amant était là à ses pieds, la caressant tendrement.
Elle sentit sa langue remonter entre ses jambes, puis un baiser se posa là où elle aimait tant...
Le signal sonore. Vite ma station, m...! Elle descendit en trombe. La porte claqua violemment derrière elle.
Elle reprit ses esprits sur le quai. Pour une fois, elle n'avait pas vu passer ce trajet qui lui semblait si long d'habitude.
Retour à la surface.
Voyons, voyons, où donc ai-je rangé ma motivation?
Réflexion par Tina aux Gants Noirs